Tourne ta scène: 5 façons pour les créateurs de tirer le meilleur de chaque cadrage
Quelle est la différence entre les peintures kitch du salon de votre grand-mère et les chefs-d’œuvre du Guggenheim? Les deux sont intéressants à regarder; ce qui les met en valeur c’est entre autres qu’ils racontent une histoire. C’est ce que font les meilleurs artistes, peu importe le médium. C’est certainement ainsi que les plus grands directeurs de la photographie (cinéastes) voient leur rôle dans le processus de création de films. Ils créent le langage visuel à travers lequel une histoire est transmise. Voici cinq façons essentielles de s’y prendre:
Ce sont des compositeurs réfléchis
La manière dont chaque plan de film est composé constitue le fondement de la cinématographie. Elle dicte ce que les téléspectateurs voient et, plus important encore, comment ils le voient. Les meilleurs directeurs de photographie considèrent chaque cadre: Quel est le sujet principal de l’image? Est-ce que ce sujet est plus intéressant à distance, de plus près, ou entre les deux? Le reste du cadre est-il dénué, trop chargé ou méticuleusement aménagé? La composition établit des relations spatiales entre les personnages et les objets vus à l’écran. La façon dont le spectateur interprète ces relations influence fondamentalement son interprétation de l’histoire.
C’est au directeur de la photographie Robert Yeoman qu’on doit les éléments visuels aux motifs symétriques de Royal Tenenbaums et des autres films de Wes Anderson.
Ils vont en profondeur
La manipulation de la profondeur par un directeur de la photographie permet de créer l’illusion qu’une image plane a des propriétés tridimensionnelles. C’est aussi une façon de diriger le regard du public. Une faible profondeur de champ indique immédiatement aux téléspectateurs que cet élément est la chose la plus importante à l’écran, alors que les arrière-plans flous, la gradation de couleurs et le bokeh ajoutent à l’ambiance. Mais la narration se développe lorsqu’un directeur de la photographie travaille avec plusieurs couches de profondeur. Le travail de Gregg Toland dans Citizen Kane et The Grapes of Wrath est une référence en matière de profondeur, lorsqu’il s’agit d’aller «plus loin» pour raconter une histoire de façon visuellement complexe.
Ils adorent leurs objectifs
Le choix de la caméra d’un directeur de la photographie est l’élément technique le plus déterminant du l’esthétique d’un film. Plus précisément, les objectifs de la caméra déterminent sa capacité à obtenir exactement l’image souhaitée. Donc, cela vaut la peine d’étudier le sujet. Il suffit de regarder beaucoup de films pour remarquer que les zooms avant et arrière sont assez rares. En effet, ces mouvements de caméra sont artificiels (l’œil humain ne peut pas zoomer) et un peu clichés. C’est aussi parce que les zooms sont considérablement moins nets que les objectifs fixes. Par conséquent, la plupart des experts établissent des objectifs essentiels pour les types de prise de vue standards (14 mm pour les prises de vue ultra-larges, jusqu’à 35 mm pour les prises de vue larges, 50 mm pour les prises de vue moyennes et 85 à 135 mm pour les gros plans) et complètent cette sélection en fonction de leurs besoins.
Ils expérimentent avec la lumière
De nos jours, on peut créer une lumière pour chaque scénario cinématographique possible. Les puissantes lampes HMI sont la norme sur les tournages de plateau, mais les ampoules à tungstène, fluorescentes et à LED sont également utilisées pour déterminer, entre autres, la dureté ou la douceur de l’éclairage d’une scène. Les directeurs de la photographie de Vanguard ont également expérimenté l’emplacement de la lumière afin de d’établir la profondeur d’une scène et, bien entendu, le tracé de l’œil. Avec l’arrivée des caméras et des objectifs hautes performances (souvent numériques), il est également devenu la norme de compter sur la lumière disponible: des luminaires dans une chambre à coucher; des lampadaires et lumières de tours à bureaux en milieu urbain; la lumière du soleil à travers la forêt.
Dans Miami Vice, Dion Beebe a atteint un niveau de réalisme surprenant avec des sources lumineuses ambiantes urbaines.
Ils prennent toujours en compte les couleurs
L’arsenal d’éclairage d’un directeur de la photographie détermine également la température des couleurs, ce qui peut avoir un effet significatif sur l’ambiance générale d’une scène (ou d’un film entier). Steven Soderbergh, qui est son propre directeur de la photographie, a notamment utilisé trois traitements de couleur uniques pour distinguer et amplifier les scénarios de Traffic. Concrètement, obtenir ces résultats signifie choisir des éclairages en fonction de leur niveau de Kelvin (K), la mesure de la température de la couleur. Les ampoules de tungstène, par exemple, produisent une teinte orange chaude tandis que les ampoules HMI imitent de plus près la lumière du jour. Les fluorescents et les LED sont disponibles dans une gamme de températures et d’intensités. Bien sûr, il est également possible d’ajouter un filtre de gel à n’importe quelle source de lumière afin de modifier sa couleur.